Επιστολή του διευθυντή
της Βιβλιοθήκης Βυζαντινών Σπουδών
του Γαλλικού Κολλεγίου
για την μετατροπή
της
Αγιάς Σοφιάς σε τζαμί
Alors que le Conseil d'État de Turquie a ouvert ce matin la voie à un
retour de Sainte-Sophie au statut de mosquée en révoquant son statut de musée,
je partage avec vous quelques remarques aussi factuelles que possible sur ce
que cette décision représente pour nous, en écho à l’histoire de notre
bibliothèque byzantine et de son fondateur Thomas Whittemore.
Sainte-Sophie de Constantinople, successivement basilique impériale et
mosquée au gré de l’histoire des empires byzantin et ottoman, était depuis 1935
sous le statut de musée, ce qui en garantissait l’ouverture au plus grand
nombre et l’intégration dans la ville comme un symbole multiculturel et
multicultuel de l’histoire de la Turquie. En 1930, Thomas Whittemore avait
négocié avec le pouvoir turc l’autorisation d’étudier (et donc de dégager) les
mosaïques sauvegardées sous les enduits de l’ancienne basilique. Mustafa Kemal
« Atatürk », lui-même personnellement fasciné par les mosaïques de
Sainte-Sophie ainsi découvertes, en confie la restauration au Byzantine
Institute de Thomas Whittemore dès juin 1931, comme en témoignent les archives
imprimées et photographiques conservées au Collège de France et désormais
accessibles sur notre bibliothèque numérique Salamandre. Devant l’ampleur des
découvertes, Kemal-Atatürk décide de rouvrir Sainte-Sophie en tant que musée,
afin de présenter ces témoignages artistiques au plus grand nombre. La décision
est actée par le conseil des ministres du 24 novembre 1934 dont le décret
indique : "en raison de sa valeur historique, la conversion en musée de la
mosquée Aya Sofya, monument d'Istanbul à l'architecture et à l'art uniques,
ravira la totalité du monde oriental ; et sa conversion en musée dotera
l'humanité d'une nouvelle institution au service de la connaissance".
L’inauguration officielle en présence du président consacre en février 1935 la
laïcisation du monument.
Aucun des documents conservés au Collège ne prouve que Whittemore ait
personnellement pesé sur Kemal pour faire de Sainte-Sophie un musée, mais il
est probable qu’il l’ait fait, ne serait-ce que pour permettre que ces
mosaïques soient restaurées, accessibles et non ré-enduites, comme on l'a
encore tristement constaté ces derniers mois sur d'autres monuments byzantins.
L’ensemble des relevés et études de Whittemore sur les mosaïques de
Sainte-Sophie est rassemblé dans les 4 volumes « The Mosaics of St. Sophia at
Istanbul » publiés entre 1933 et 1952 et présents dans les collections de la
Byzantine (cotes C IV 25 à 28). Symboliquement, nous tâcherons de numériser ces
volumes afin, à notre tour, de les rendre accessibles au plus grand nombre,
quel que soit le sort du monument lui-même.
Les chercheurs de tous horizons peuvent compter sur nous et sur nos
ressources pour, hors de toutes considérations géopolitiques, continuer à les
aider à documenter et à maintenir vivante la connaissance des témoignages de
l'empire byzantin.
Bien à vous tous,
Collège de France, Direction des réseaux et partenariats documentaires
Conservateur, Directeur de la Bibliothèque byzantine
Adjoint à la Directrice des Réseaux et Partenariats Documentaires,
ΛΕΞΕΙΣ: ΑΓΙΑ ΣΟΦΙΑ
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